La possibilité d'une morale définitive en question

Modifié par Estelledurand

Force est de constater que tous ne s'accordent pas sur le sens à donner à la morale. Il existe non pas une mais des morales, ou à tout le moins une très grande diversité de mœurs.

Le pluralisme moral est d'autant plus évident que l'histoire nous apprend que les jugements moraux ont beaucoup varié en fonction des époques et des sociétés. Comme l'écrit Pascal : "Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées , erreur au-delà !" Reprenant la formule d'Héraclite, on serait alors fondé à dire "panta rhei" : "tout change", "tout s'écoule". Les jugements et les usages moraux paraissent ainsi constituer des réalités relatives, au sens de ce qui dépend de circonstances extérieures, d'ordre spatial et temporel, et contingente, au sens de ce qui aurait pu être autrement qu'il est.

Certains verraient dans ce constat l'expression d'un relativisme, et partant d'un danger pour la morale ; d'autres, au contraire, insisteraient sur le progrès moral, en voyant dans ces changements l'occasion de surmonter des préjugés

On peut dès lors mieux comprendre la question : "n'y a-t-il de morale que provisoire ?"

On ne demande pas s'il existe une morale, mais si les morales, c'est-à-dire les normes morales en vigueur, sont provisoires, temporaires et destinées à être remplacées par d'autres. Le provisoire est en effet transitoire : par définition, il n'est pas appelé à durer, mais il devra à terme être remplacé par d'autres principes et d'autres usages que l'on peut espérer meilleurs, plus légitimes et plus vrais.

Cependant, cette précarité ou cette incertitude des normes morales ne suggère-t-elle pas alors que celles-ci n'auraient pas vraiment de valeur, puisqu'elles sont temporaires ? Ne manqueraient-elles pas, en quelque sorte, de vérité, en ce qu'elles seraient relatives et non absolues, particulières et non universelles, contingentes et non nécessaires ?

En d'autres termes, la morale n'est-elle qu'un ensemble de normes sociales utiles mais contingentes et relatives, ou bien peut-on soutenir qu'il existe, en matière de moralité, des vérités définitives, des certitudes morales ?

Finalement, une morale définitive est-elle possible ? 

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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